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Vaccin, je t'aime moi non plus.

Depuis l’apparition de la covid, le vaccin fait polémique, il y a les « pour » il y a les « contre » Mais pourquoi sommes-nous si divisés sur le vaccin ? La France est le pays de Pasteur. C’est aussi le pays où la vaccination est la plus décriée. Bizarrement, le refus des vaccins est aussi ancien que l’idée même de la vaccination.

A quoi sert le vaccin ?

Tout d’abord à s’immuniser en inoculant la maladie infectieuse mais totalement affaiblie afin que nous puissions fabriquer des anticorps. Ensuite de s’immuniser collectivement car plus nous sommes à être vacciné moins la maladie se propage. Pour voir régresser l’incidence d’une maladie infectieuse, il faut selon les cas, que 80 à 95% de la population soit immunisée ou vaccinée. En somme le vaccin sert à se protéger soi et ceux qui nous entoure :  pour vivre ensemble, vivons vaccinés.

 

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Une Petite histoire de la vaccination

Coqueluche, tuberculose, rougeole, oreillons, rubéole, hépatite B, diphtérie, tétanos, poliomyélite… tous ces noms barbares sont des maladies infectieuses contre lesquelles nous sommes, pour la plupart, vaccinés. Sans oublier la variole qui a sévi en Asie, Afrique et l’on dit même qu’elle a servi comme arme de guerre des conquistadors espagnols contre la population d’Amérique latine (aztèques et incas).

C’est au XVe siècle qu’émerge l’idée de prévention : on l’appelle la variolisation. Elle se répand dans toute l’Europe au XVIIIe siècle : Même si La technique semble primitive (la variolisation se fait d’homme à homme, par inoculation, et on transmet parfois la vraie maladie dont le patient meurt) cependant,on juge le traitement risqué mais globalement bénéfique sur l’évolution des épidémies. Les statistiques n’existent pas à l’époque, on estime sans doute que la « variolisation » apportait plus de bénéfices que de risques car elle fut poursuivie et exportée.

Dès le XVIIIe siècle, les « anti-vaccins » existent déjà. Les « sages » espagnols s’opposent à la variolisation sous prétexte que les hommes ne peuvent pas aller contre les maladies et la mort, prévues et prescrites par Dieu.

 

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Le démon de la variole, détail - Japon, DR

Edward Jenner et la vaccine bovine

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En étudiant la vaccine bovine, une maladie animale proche de la variole mais bénigne pour l’homme, le médecin Edward Jenner a l’idée de l’inoculer à l’homme pour le protéger contre la variole

À cette époque, la variole est toujours un fléau. Lors des épidémies, 60 % de la population contracte la maladie et 20 % de ces malades en meurent. Les survivants sont défigurés par les cicatrices des pustules. Jenner s’intéresse alors à des maladies animales et notamment à la vaccine des bovins. Jenner théorise le concept que l’on peut protéger l’homme de la variole en lui inoculant une maladie animale proche (la vaccine), bénigne pour lui. Ce principe reste celui qui régit la vaccination moderne. Edward Jenner n’a donc pas inventé le procédé : il l’a repris de la tradition populaire, mais il l’a expliqué, théorisé et, surtout, il l’a expérimenté méthodiquement puisque l’on connaît toutes les conditions de l’expérience. Au début du XIXe siècle, la vaccination de Jenner se répandra dans toute l’Europe. Il faut ensuite attendre la fin du XIXe siècle pour que Louis Pasteur mette au point le premier vaccin obtenu par atténuation du germe infectant, le vaccin contre la rage. Comment y est-il parvenu ?

 

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Edward Jenner © Attribution 4.0 international (CC by 4.0)

Pasteur et la naissance du vaccin atténué

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En 1885, En vieillissant des cultures de bactéries virulentes, Louis Pasteur met au point le « vaccin atténué », largement utilisé par la suite. Il note l’existence d’une longue période d’incubation qui pourrait être mise à profit pour prévenir les dommages causés aux centres nerveux quand le virus les a atteints. Pasteur obtient une souche provoquant une maladie d’incubation raccourcie à une semaine, après plusieurs passages du virus sur cerveaux de lapin. Cette souche nommée « virus fixe » n’évolue plus mais reste très virulente. Elle est ensuite atténuée par dessiccation et utilisée comme matériel vaccinant.

Comme Jenner, Pasteur connaît la gloire, les honneurs et …les détracteurs. Grâce à Pasteur, la médecine fait un pas de géant ; pourtant il n’est pas médecin. Et ce simple fait dresse les sectaires contre lui. Il doit composer avec le corps médical pour faire admettre ses théories. Pour chacun des actes qu’il pratique sur l’homme (à commencer par les vaccinations elles-mêmes), il doit s’assurer de l’assistance d’un médecin qui cautionne l’acte ou le pratique lui-même. Dans l’opinion, ses théories sont à l’époque très controversées. Et l’on retrouve là encore les « anti-vaccins » qui s’opposent depuis le début, comme aujourd’hui, à la vaccination. En 1883, la Ligue universelle des anti-vaccinateurs écrit au ministre de la Santé pour protester contre la décision d’accorder à Pasteur une pension en récompense de ses travaux : « Monsieur Pasteur est le continuateur de Jenner. Il a imaginé les vaccinations multiples contre diverses affections contagieuses. Il prétend avoir trouvé le moyen de combattre les maladies du ver à soie, des poules et du vin. Il a accumulé ses assertions, toutes aussi risquées que gratuites, sous le nom de grandes découvertes scientifiques. Que restera-t-il de tout cela dans un temps peu éloigné ? Que des déceptions et des désastres. (…) La science ne reconnaît dans les grandes découvertes de Monsieur Pasteur, qu'un tissu de conceptions dogmatiques et d'essais malheureux, plus propre à ruiner qu'à enrichir les pays qui les adopteraient ».

En 1886, l’Institut Pasteur est fondé, financé par une souscription nationale, et est reconnu d’utilité publique en 1887. Il essaime dans l’ensemble de l’empire colonial français et y promeut la vaccination.

 

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Louis Pasteur © Attribution 4.0 international (CC by 4.0)

En quatre siècles, le concept de vaccination a donc franchi trois étapes théoriques majeures. D’abord, on inocule la maladie à des sujets sains en espérant qu’ils survivront et seront alors immunisés. Puis, on inocule des maladies animales bénignes pour l’homme mais qui induisent une immunité contre une maladie humaine grave. Enfin, on inocule des germes de maladies, atténués artificiellement ; ils sont inoffensifs pour l’homme mais confèrent l’immunité. Fait notable : ces étapes ont été réalisées avant la reconnaissance formelle de la responsabilité des microbes dans les maladies qu’on se propose de prévenir et avant la découverte du système immunitaire.

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Les vaccins au cœur de la polémique

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Grâce aux techniques modernes biochimiques, génétiques et moléculaires et à une meilleure connaissance des pathogènes et du système immunitaire, les vaccins ont atteint un niveau de sophistication élevé. Ils sont devenus plus efficaces, mieux tolérés et moins chers. Par ailleurs, les vaccins restent notre meilleure chance de contrôler les maladies bactériennes après la perte d’efficacité annoncée des antibiotiques actuels.

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Quelques desintox

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On dit que Le vaccin contre la rougeole a été facteur d’autisme.  En 1998, dans la revue médicale The Lancet, une étude fait le lien entre le vaccin contre la rougeole et l'autisme. Le journal étant réputé sérieux, l’opinion publique s’inquiète.

Mais en 2004, certains auteurs de l’article se désolidarisent des résultats publiés.

FAux : Une nouvelle analyse montre que des résultats ont été falsifiés et des conflits d’intérêts majeurs sont révélés mettant en cause le premier auteur, Andrew Wakefield, qui avait été recruté pour préparer un procès contre des fabricants du vaccin contre la rougeole. En 2010, la revue supprime l’article de ses archives. Mais le mal est fait.

On dit que les adjuvants et en particulier les sels d’aluminium présents dans certains vaccins sont mortels.

Il est vrai que certaines pathologies sont liées à l’exposition aux sels d’aluminium, mais il s’agit d’expositions chroniques à des doses sans commune mesure avec celles présentes dans les vaccins. Les vaccins contiennent ces sels depuis 1920 sans qu’aucun pays ou instance officielle n’ait jamais remis en cause le bien-fondé de cette adjonction ni la sécurité des vaccins contenant cet adjuvant. Par ailleurs, peu paraissent inquiets de la présence de ces mêmes sels d’aluminium dans les cosmétiques ou certains produits alimentaires. Les données scientifiques disponibles à ce jour ne permettent pas de remettre en cause la sécurité des vaccins contenant de l’aluminium, au regard de leur balance bénéfices/risques

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On dit que Le ministère de la Santé est de mèche avec l'industrie pharmaceutique pour cacher au grand public la réalité sur la nocivité des vaccins : Et pourtant les vaccins représentent moins de 3 % des revenus générés par l’industrie du médicament.

Mais sachons également reconnaître que la suspicion envers les vaccins s’est nourrie d’accidents qui ont contribué à la défiance.

Dans les années 1950 les premiers vaccins contre la poliomyélite ont été contaminés par le SV 40, un virus potentiellement carcinogène. L'agence américaine de santé publique demandera, discrètement, aux compagnies pharmaceutiques de débarrasser le vaccin de cet intrus, cependant, elle n'exigera pas le rappel des stocks déjà en circulation.

Dans les années 1930 en Allemagne, 72 enfants meurent de tuberculose après avoir reçu un vaccin BCG contaminé par Mycobacterium tuberculosis, le bacille virulent de la tuberculose.

 La gestion calamiteuse de la vaccination contre la grippe H1N1 en 2009 a alimenté une sensation d’amateurisme des autorités de santé de l’époque. La très mauvaise gestion de la vaccination contre l'hépatite B et les rumeurs qui l’ont accompagnée ont entraîné une chute sans raison scientifique valable, du recours à ce vaccin, qui n'est toujours pas résorbée aujourd'hui.

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Les idées ayant conduit à la vaccination telles qu’on la connaît aujourd’hui cheminent donc depuis plus de 2000 ans au sein de l’histoire humaine. Il est étonnant de retrouver à chaque épisode de cette histoire les mêmes oppositions et les mêmes peurs devant des idées nouvelles. Il est réconfortant aussi de constater que, malgré tout, le pragmatisme puis la démarche expérimentale ont tracé le chemin qui a mené à l’un des meilleurs traitements proposés par la médecine.

Alice

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