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LE MONDE

DE ZAZIE

Russie : La reconstruction d'une puissance... et le prix à payer

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Si l'on entend beaucoup parler, ces derniers mois, de la répression de l'opposition en Russie, il ne s'agit pas là de quelque chose de nouveau. Le pays n'a connu que des régimes impérialistes, autoritaires ou dictatoriaux. La chute de l'URSS en 1991 avait pourtant donné l'espoir et l’occasion à la Russie de bâtir une démocratie. Seulement, la priorité du gouvernement est à la reconstruction de la puissance. Pourquoi vouloir renouer avec cette idée de grandeur, aujourd’hui dépassée ?  Et surtout quel en sera le prix ?

Célébration de la Fête de la Victoire du 9 mai 2018 à Moscou, symbole de la puissance militaire russe. Tous droits réservés :© AP

Un problème majeur : celui de l'économie

  

Sur ce plan, l'URSS avait plusieurs décennies de retard sur ces voisins occidentaux. Cette tendance est accentuée par le difficile, voire désastreux passage du système communiste à une économie de marché. Le cours du rouble s'effondre, les prix flambent. Si certains s'enrichissent, il s'agit là d'une minorité. La plupart des russes, qui ne connaissent rien au capitalisme voient leur niveau de vie chuter dramatiquement.

  

Pendant cette période, la politique étrangère de la Russie consiste surtout à tenter de maintenir son influence sur les anciennes républiques soviétiques et à apparaître aux yeux de l'Occident comme l'héritière de l'URSS. Seulement cette affirmation de la puissance russe à l'internationale n'est pas la priorité du Kremlin qui se concentre sur le redressement de l'économie.

  

Ce redressement ne s’opérera vraiment qu'à partir de 2000. La richesse de la Russie repose en grande partie sur le secteur énergétique. Elle est l'un des plus grands exportateurs de pétrole et de gaz au monde. La forte hausse du prix des hydrocarbures, lui a donc permis de sortir de la crise qu'elle traversait pour entrer dans une période de croissance.

  

Néanmoins, si elle n'est plus un problème majeur pour le Kremlin, l'économie russe reste incertaine puisque dépendante de l'évolution du prix des hydrocarbures. D'autant plus, que l'on peut imaginer que la demande diminuera à l'avenir au profit d'énergies plus vertes.

 

Vladimir Poutine et le retour de la Russie sur la scène internationale

 

Dès son arrivée au pouvoir en 2000, Vladimir Poutine affiche son ambition de rendre à la Russie sa grandeur passée et son influence sur la scène internationale. Pour cela, le pays s'implique dans diverses organisations internationales. La Russie accueille le sommet du G8 en 2006 et intègre l'OMC en 2012. De plus, la détention d'un siège de membre permanent au conseil de sécurité de l'ONU, hérité de l'URSS, lui permet de peser sur de nombreux dossiers internationaux.

  

Depuis la chute de l'URSS, la priorité de la politique étrangère russe est le maintien de son influence sur son « étranger proche », terme désignant les anciennes républiques soviétiques. La Russie appartient à des organisations régionales comme la CEI (Communauté des Etats Independants), qui a pour but de maintenir des relations économiques et militaires entre les anciens pays de l'union soviétique. Ces pays sont pour la plupart dépendants de la Russie sur le plan économique et notamment sur les hydrocarbures. D'autant plus que Moscou n'hésite pas à faire de l'énergie une arme politique. Malgré tout, on observe des tentatives de rapprochement de certains Etats avec l'Occident. Les pays baltes ont même totalement tourné le dos aux anciennes républiques soviétiques en intégrant l'Union Européenne et l'OTAN.

  

La Russie est également un des acteurs des conflits au Moyen-Orient, notamment en Syrie ou elle intervient au coté du dirigeant Bachar el-Asad. C'est un moyen pour le Kremlin de s'affirmer face aux Etats-Unis dont l'engagement diminue au moment ou celui de la Russie augmente. On observe aussi un rapprochement entre Moscou et Pékin, ce qui est là encore un moyen de s'opposer à la puissance américaine. Toutes ces politiques permettent à la Russie de s’imposer en tant que puissance de notre monde multipolaire.

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La Russie, même si elle ne peut être comparée à des pays comme les Etats-Unis ou la Chine, a aujourd'hui retrouvé son statut de puissance. Seulement, cela s'est fait au dépend des libertés de la population. En effet, plus le pays gagnait en puissance, plus la démocratie reculait. Ces dernières années, les russes ont ainsi dû faire face aux dérives autoritaires du pouvoir. La liberté d'expression est inexistante et les médias contrôlés. Des lois discréditent les ONG et limitent leurs champs d'actions, car elles seraient pour le Pouvoir synonyme « d'ingérence étrangère ».

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Le renouveau de la puissance... et d'un régime autoritaire


Répression d'une manifestation en Russie . Tous droits réservés :© Maxim SHEMETOV, Reuters

Les différentes élections sont bien souvent accusées d’être frauduleuses. Le parlement est d'avantage une chambre d'enregistrement qu’un lieu de débat et les opposants à Vladimir Poutine et à son parti Russie Unie sont l'objet d'une importante répression.

 

Il nous vient aisément à l'esprit le cas d'Alexei Navalny, rescapé d'une tentative d'empoisonnement commanditée, selon lui, par le gouvernement. Son arrestation en janvier dernier et sa condamnation pour violation de contrôle judiciaire a déclenché de nombreuses manifestations de soutien. Mais ces protestations qui ont ébranlé la Russie, de Moscou à la Sibérie, étaient avant tout des manifestations contre le pouvoir autoritaire de Vladimir Poutine.

 

Malgré la répression, les manifestations se multiplient et de plus en plus de voix s'élèvent pour dénoncer les abus du Pouvoir. Peut-être est-ce là le véritable enjeu de la puissance russe ? Car comment affirmer son pouvoir sur la scène internationale alors que le pays est en crise ? Le peuple russe sacrifié au profit de la grandeur du pays est aujourd'hui l'un des freins à sa puissance. Le gouvernement doit composer avec cette opposition grandissante et y mettre un terme. Il est peu probable qu'il réussisse à la faire taire. Il y a donc des chances, qu'à terme, le Kremlin n'ait d'autre choix que de céder et d'offrir davantage de libertés et de démocratie.

 

 

Léna

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